1873. Dans les combles du Théâtre impérial de Straßburg, trois ouvrières réparent accessoires et costumes de scène. Il y a l’ancienne, la vieille Léna qui n’a pas accepté l’annexion de sa chère
Alsace au Reich germanique. La présence arrogante et joyeusement désinvolture d’Anna, la jeune et nouvelle ouvrière allemande, lui
sont intolérables coups de poignard. Plus pragmatique, Madame Odile, la cheffe d’atelier, est prête à pactiser avec les nouveaux maîtres, pourvu qu’elle garde sa place. Car deux ans après l’armistice, la Paix ne règne toujours pas.
Aussi, lorsque la colère ou le chagrin débordent, elles empoignent ce qu’elles ont à portée de main: d’une lyre ou d’une marionnette naissent des personnages de la mythologie grecque dont la métamorphose tragique ou grotesque leur sert à la fois d’exutoire et de consolation.
Par cette mise en abyme, le spectacle réalise la vocation du théâtre : une catharsis. Le pouvoir d’enchantement de la Poésie opérera, in fine : les trois femmes et les spectateurs repartiront, le cœur plus léger.