Les visages de la terre

Une série photographique par Manon Badermann, photographe-vidéaste alsacienne

Pouvez-vous nous parler un peu de vous et de votre parcours en tant que photographe-vidéaste en Alsace ?
Je suis photographe et vidéaste professionnelle depuis 12 ans maintenant. La photographie est une passion que j’entretiens depuis mes 13 ans. Cela a débuté par des cours de photographie argentique dans un centre socio-culturel avec Régis Guillaume, puis un CAP Photographe, suivi d’une licence en cinéma.

Nous avons remarqué que votre travail photographique comporte souvent des éléments liés à l’agriculture et la nature. Pouvez-vous nous expliquer comment ces thématiques sont devenues importantes pour vous ?
J’ai toujours admiré le travail photographique et cinématographique de Raymond Depardon, qui a beaucoup étudié le sujet du monde paysan, étant lui-même fils d’agriculteur.
J’aime également sa manière de travailler en vidéo, en équipe restreinte, méthode que je trouve juste et appropriée pour filmer les paysans.
On peut dire que c’est son regard qui m’a motivé à me lancer dans l’aventure du documentaire, et plus particulièrement vers les acteurs de la nature.

Qu’est-ce qui vous inspire le plus dans le monde agricole en Alsace ? Y a-t-il des aspects spécifiques de ce milieu qui captent particulièrement votre attention ?
Je suis davantage attirée par les petites exploitations agricoles, les personnes qui s’autosuffisent, et construisent un avenir en respectant au mieux l’environnement et le vivant.

Comment adaptez-vous votre approche visuelle pour capturer la beauté et la réalité des métiers agricoles à travers vos photographies et vidéos ?
Pour pouvoir retranscrire l’authenticité, il faut je pense savoir être discret, à l’écoute et même parfois se faire oublier. J’aime laisser tourner la caméra après avoir posé une question, laisser les silences, laisser le propos aller plus loin, sans intervenir. C’est souvent dans ces moments d’attente et de patience, que l’interlocuteur oublie la caméra pour que la magie opère.

Avez-vous eu l’occasion de rencontrer des artisans ou agriculteurs qui vous ont particulièrement marqués ? 
En premier lieu, il y a mes anciens voisins, que j’ai côtoyé pendant plusieurs années avant de pouvoir les filmer. Un couple attachant arborant de belles valeurs, menant une vie admirable, malgré leurs caractères diamétralement opposés.
Il y a aussi mon compagnon Florian Saas, bien évidemment. Arboriculteur, il se bat pour réimplanter des vergers dans le paysage, et participer à l’amélioration des pratiques agricoles.

En plus de l’agriculture, vos travaux mettent également en lumière l’artisanat. Pouvez-vous nous parler de votre intérêt pour ces professions ? Pourquoi c’est important pour vous de les rendre visible ?
Mon père étant tailleur de pierre et Compagnon des Devoirs Unis du Tour de France, j’ai grandi entourée d’artisans, ce qui a peut etre influencé mon choix de me tourner vers la photographie et l’artisanat d’art à la FREMAA.
Les nouvelles technologies ne sont à mon sens pas le seul domaine d’avenir, et l’artisanat est un domaine où l’on sauvegarde les savoirs faire anciens, les traditions.

Avez-vous rencontré des défis particuliers lors de la capture d’images dans des environnements agricoles ou artisanaux ?
Il n’y a pas de défis particuliers dans ces domaines plus que d’autres. Chaque nouveau reportage est un défi, puisque l’on découvre un domaine, une personne, un métier, une entreprise nouvelle, et qu’il faut se renseigner, observer et comprendre pour pouvoir retranscrire au mieux le sujet. Personne n’aime son image, le défi premier reste donc de réussir à mettre en confiance.

Quels sont vos projets futurs liés à la photographie et à la vidéographie ? Envisagez-vous de continuer à explorer les thèmes de l’agriculture et des métiers artisanaux ?
Ces thèmes font partie de mes domaines de prédilection, que ce soit pour les projets professionnels ou personnels.
J’aimerais tout d’abord m’atteler à la réalisation de la suite de mon moyen-métrage “Le Bon sens paysan”.
Ensuite, mes clients réguliers, qu’ils soient artisans ou agriculteurs, continueront de me passionner à travers leurs projets.

Comment espérez-vous que votre travail puisse influencer la perception de l’agriculture et des métiers artisanaux au sein de la société ?
J’espère qu’à travers mes images, le public puisse redécouvrir le monde paysan, par le biais de reportages au plus proche de la réalité, mais aussi mettre en lumière la noblesse et l’avenir qu’il propose.

En dehors de l’agriculture et des métiers artisanaux, y a-t-il d’autres sujets qui vous intéressent particulièrement et que vous explorez ou aimeriez explorer dans votre travail photographique ?
Tout m’intéresse, du moment que les personnes sont sincères.

 

Biographie

Manon Badermann, photographe et vidéaste, a débuté sa passion à 13 ans avec Régis Guillaume à l’ARES, puis a obtenu un CAP Photographe. Elle a étudié le cinéma à l’Université de Strasbourg. Depuis 2012, elle travaille pour divers clients et se spécialise dans le reportage, mettant en lumière des instants authentiques et des savoir-faire lors d’expositions comme Résonnance(s) et les Journées Européennes des Métiers d’Art.

Découvrez le moyen-métrage gratuitement pendant 7 jours

L’exposition et la projection du moyen-métrage interviennent dans le cadre de l’accueil de « Petit paysan tué » , théâtre documentaire de la Compagnie Cipango :